En France, l’ANJ enquête sur Polymarket, la plateforme de paris qui a fait fureur lors de la campagne américaine

Depuis l’élection présidentielle américaine, sur laquelle elle proposait de miser en ligne des sommes d’argent sur les candidats, la plateforme de paris en cryptomonnaies Polymarket n’a jamais été aussi populaire et médiatisée. Une célébrité qui lui vaut à présent de se retrouver, en France, dans le viseur de l’Autorité nationale des jeux (ANJ).
Le régulateur chargé des jeux d’argent et de hasard mène en ce moment une enquête sur ce portail en ligne, qui se décrit comme « le plus grand marché des prédictions au monde », a appris jeudi 7 novembre Le Monde, confirmant une information publiée la veille par le média français spécialisé dans les cryptomonnaies The Big Whale, puis par l’agence américaine Bloomberg.
« Nous connaissons ce site et nous examinons actuellement son fonctionnement ainsi que sa conformité à la législation française en matière de jeux d’argent », a déclaré jeudi une porte-parole de l’ANJ. Selon The Big Whale, le sort de Polymarket serait déjà décidé car l’autorité s’apprêterait « à l’interdire aux utilisateurs français ». Une information que l’Autorité nationale des jeux n’a à ce stade pas confirmée.
Que les mises soient faites en cryptoactifs ou non, la législation française sur l’offre de paris en ligne est claire : pour qu’un site puisse opérer légalement, il lui faut détenir un agrément spécialement délivré par l’ANJ. Une autorisation que pourrait ne pas avoir obtenue la plateforme américaine Polymarket, laquelle n’avait pas répondu aux sollicitations du Monde au moment de la parution de cet article.
L’examen du régulateur intervient par ailleurs après qu’un homme, se présentant sous pseudonyme comme un trader et identifié par Polymarket comme étant français, y a parié d’importantes sommes sur la victoire de Donald Trump. Après l’élection du républicain, il devrait empocher un bénéfice d’environ 48 millions de dollars, d’après les calculs de Bloomberg.
La plateforme new-yorkaise a en effet largement profité de l’engouement international autour de la course à la présidence américaine. A eux seuls, ces paris ont produit un volume de près de 3,7 milliards de dollars, selon les données de Polymarket. La plateforme a en quelque sorte préfiguré la victoire de Donald Trump : tout au long des derniers mois de la campagne, ses cotes sur le milliardaire ont toujours été supérieures aux chiffres des sondeurs traditionnels.
Paradoxalement, Polymarket a souvent été cité dans la campagne américaine alors que le site est théoriquement inaccessible aux Etats-Unis, depuis un accord conclu avec le régulateur américain en 2022. Un blocage qui peut être facilement contourné, notamment par l’usage de réseaux privés virtuels (VPN), et qui n’empêche donc pas de nombreux Américains d’utiliser massivement la plateforme depuis le début de l’année. Un constat qui pourrait interroger en France, alors que l’ANJ se penche sur le dossier.
Le Monde avec Bloomberg
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